- ténuité
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• 1377; tenveté, tenvietéXIIe; lat. tenuitas♦ Littér. Caractère de ce qui est ténu.♢ Fig. « Une grande finesse d'observation qui va parfois jusqu'à la ténuité » (Baudelaire).⇒TÉNUITÉ, subst. fém.A. — Qualité de ce qui est ténu. Synon. délicatesse, finesse, minceur. L'extrême ténuité de particules; d'une extrême ténuité; un certain degré de ténuité. La petite rosace à jour percée au-dessus du portail était en particulier un chef-d'œuvre de ténuité et de grâce; on eût dit une étoile de dentelle (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p. 18). Les ramifications [des bronches] vont en décroissant jusqu'à ce que leur ténuité les rende imperceptibles (LA MADELAINE, Chant, 1852, p. 13).— [À propos d'une substance liquide] Ces fluides, que leur extrême ténuité ne nous permet, ni de voir, ni de retenir dans aucun vase (LAMARCK, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 179). V. acrimonieux ex. 2.B. — Au fig.1. Caractère de ce qui est à peine perceptible. En cette extrême ténuité des souvenirs, aux seuls poètes on peut demander des documents de psychologie raffinée (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 68). V. agacerie ex. 11, amenuisement ex. 5, gauchissure rem. s.v. gauchissement ex. de Camus.— [À propos d'un son] C'est très gentil d'avoir pensé à moi, répondit-elle alors d'une voix stupéfiante de ténuité et qui semblait sortir du bloc de sa figure, comme un filet d'eau d'une falaise (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 208).2. Finesse. Ses jugements littéraires [de Joubert] étaient d'une ténuité, d'une subtilité et d'une élévation qui, aujourd'hui même, pourrait faire frémir les classiques de seconde main (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 136).Prononc. et Orth.:[
]. Ac. 1694, 1718: tenuité; dep. 1740: tenuité. Étymol. et Hist. Ca 1375 (N. ORESME, Le Livre du ciel et du monde, IV, 9, éd. A. D. Menut et A. J. Denomy, p. 712). Empr. au lat. tenuitas « qualité de ce qui est mince, grêle, fin », dér. de tenuis (v. ténu). Ténuité a éliminé le dér. de l'a. fr. tenvre, tenvreté (ca 1280, LAURENT, Somme, ms. Soissons, 210 [XIVe s.], f° 42d ds GDF.). Fréq. abs. littér.:51.
ténuité [tenɥite] n. f.ÉTYM. 1377; lat. tenuitas; l'anc. franç. avait les formes tenveté, tenvreté (XIIe); de tenuis. → Ténu.❖1 Littér., didact. Caractère de ce qui est ténu. ⇒ Minceur; et aussi amenuisement, délicatesse. || La ténuité extrême des vaisseaux capillaires. — Vx. Caractère d'une substance très peu dense.1 (…) la matière travaillée graduellement et subtilisée par un principe de vie, doit passer de l'état passif et brute (sic), à ce point d'élaboration, de ténuité, qui la rendra enfin susceptible d'être imprégnée de feu, et pénétrée de lumière.É. de Senancour, Oberman, LXXXV.2 (…) rien en elle, hors une ténuité de souffle et une mince haleine fébrile, ne trahissait le venin si présent de la mort.Sainte-Beuve, Volupté, XXV.3 Certaines enveloppes de fruits lui fournissaient des filaments d'une extrême ténuité, avec lesquels il exécutait lui-même un tissu plus fin que les toiles d'araignée, mais suffisamment résistant pour arrêter les moustiques au passage.Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 254.2 Par métaphore, fig. || Une grande finesse (cit. 4) d'observation qui va parfois jusqu'à la ténuité.4 Entre eux deux, il sentait s'effacer un chemin de compréhension, s'évanouir un lien dont la ténuité annonçait la rupture définitive.M. Aymé, Travelingue, p. 8.
Encyclopédie Universelle. 2012.